Les statues et la grotte
« Dites à Monsieur le Curé de construire une grotte, le plus tôt possible, là où je suis, d’y placer ma statue et celle de l’ange à côté.
Lorsqu’elle sera faite, je la bénirai. »
La demande de la Vierge Marie
C’est le mardi 9 décembre 1947 que la Vierge Marie a transmis cette demande aux quatre enfants de L’Ile-Bouchard.
Le matin du mercredi, Sœur Saint-Léon, à qui Nicole raconte l’apparition de la veille, s’exclame : « Faire une grotte ! En quoi donc ? Tu n’avais qu’à lui demander comment la faire ? » C’est pourquoi, lorsque la Vierge Marie renouvelle sa visite à 13 heures, Nicole se fait préciser : « En quoi faut-il faire la grotte que vous avez demandé hier ? » et reçoit la réponse : « En papier pour commencer ».
Le jeudi, la Vierge Marie insiste : « Est-ce que Monsieur le Curé va construire la grotte ? » – « Oui, Madame, nous vous le promettons. »
Le dimanche, une quatrième fois, Marie s’inquiète : « Allez-vous construire la grotte ? » – « Oui, oui, nous allons la construire ! »
Premières statues : la grotte en papier et Notre Dame de Lourdes (1947-1949)
Devant cette insistance, M. le chanoine Ségelle veut satisfaire la demande et s’empresse de demander la permission à l’Archevêque de Tours. Mgr Gaillard donne ses directives dans une lettre au curé le 21 décembre 1947 : « …montez dès demain votre habituelle crèche de Noël, en papier rocher, à la gauche de l’autel de la Sainte Vierge, en disposant dans le papier rocher, à côté, [une cavité] pour y placer une statue de la Sainte Vierge. Cela restera ainsi jusqu’au 2 février ». La crèche était faite depuis le 19 décembre. Au reçu de la lettre de l’évêque, une petite statue de Notre-Dame de Lourdes est placée dans une niche sur le côté.
Le 13 janvier 1948, le chanoine Ségelle s’entretient avec son évêque, et celui-ci l’autorise à laisser, après le 2 février, la grotte en papier ainsi que la statue de la Vierge. Un petit ange est ajouté plus tard.
Premières statues : la statuaire de Paulette Richon (1948-1988)
Au mois de septembre, « Mgr Gaillard trouve que la grotte en papier est bien modeste pour un tel mouvement de foule. Il autorise une construction plus solide, plâtre ou ciment. » (lettre de l’Abbé Souillet au père Maes, 16 septembre 1948). Le chanoine Ségelle lance une souscription et reçoit de nombreux dons. C’est le chanoine Vivien, archiprêtre de Chinon, qui se charge de contacter une artiste, Mlle Richon, professeur aux Beaux-Arts de Tours. Celle-ci fait un projet de grotte et de statues qui est soumis aux « voyantes ».
Après de nombreux déboires pour obtenir l’accord de la Commission d’Art Sacré, une grotte en verre éclaté, blanc sur fond or éclairée par des projecteurs, est installée pour Noël 1948. Dans un premier temps, le chanoine Ségelle n’ose pas demander à l’Archevêque d’y placer une représentation des apparitions. C’est une grande statue de Notre-Dame de Lourdes qui occupera la grotte. La statue de Notre-Dame des Victoires, qui dominait l’autel de la Sainte Vierge, est enlevée et remplacée par un bas relief, œuvre de Mlle Paulette Richon. La nouvelle grotte est bénie le 2 février 1950.
Statues actuelles
Paulette Lecomte, amie de Jacqueline Aubry, avait façonné un petit ange. Jacqueline, en le voyant, demande à son amie de lui faire les statues de Notre-Dame de la Prière.
Un jour, en 1960, passe à L’Ile-Bouchard un pèlerin assidu, l’abbé Chessé (curé de Chiché dans les Deux-Sèvres). Voyant à son tour ces statues, il demande à Mme Lecomte de lui en sculpter une grande pour mettre dans sa paroisse. À partir d’un gros bloc de pierre (2 500 kg et 1m50 de haut), Mme Lecomte s’arme d’un petit tournevis et commence à sculpter. Jacqueline guide le travail et propose de donner à la nouvelle œuvre une des positions qu’avait la Vierge Marie à L’Ile-Bouchard : la croix de chapelet dans sa main. La statue a été réalisée dans le temps record de 44 jours. Elle sculpte par la suite un ange.
En 1988, un an après le décès de Mlle Richon, Jacqueline obtient de l’archevêque de Tours l’autorisation de remplacer les statues de l’église Saint-Gilles par celles de Mme Lecomte, qui les complète avec une grotte.
Le 8 décembre 1988, les nouvelles statues sont bénies. Le père Louesdon lit une lettre écrite par Mgr Honoré pour l’occasion :
« La paroisse de L’Ile-Bouchard se réjouit de voir la dévotion à Marie se développer depuis les évènements de 1947.
En l’absence du jugement officiel de l’Église, le culte (privé) de Notre-Dame rassemble chaque année, le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, de nombreux fidèles venus des régions les plus diverses. Tous ont à cœur de prier Notre-Dame dans un élan unanime de ferveur et de confiance.
Les chrétiens de L’Ile-Bouchard, attachés au culte marial, sont légitimement soucieux de maintenir dans leur église le souvenir qui perpétue la tradition. Ce qui les a déterminés à envisager un nouvel aménagement de la grotte qui symbolise cette tradition. Ils ont souhaité aussi substituer une statue de la Vierge, plus belle, plus noble et plus expressive que l’ancienne.
Tout ce travail de renouvellement s’est accompli en parfait accord avec Monsieur le Curé qui m’a tenu informé.
Je ne puis qu’approuver et encourager ce qui a été fait et je suis heureux de la diligence des paroissiens pour offrir à Notre-Dame un cadre dont chacun pourra apprécier la beauté et la spiritualité.
Je souhaite que les fidèles, habitants ou habitués de L’Ile-Bouchard, découvrent sur le visage de la nouvelle statue, la paix et la douceur, le recueillement et la tendresse de Celle que le Concile nous a appris à prier comme notre Mère et la Mère de l’Eglise. »
17 novembre 1988
Jean Honoré, Archevêque de Tours