Fête de la Présentation de Marie
« Par-delà les anciens récits qui rapportent la Présentation de la Vierge Marie au Temple, les Eglises d’Orient et d’Occident font aujourd’hui mémoire de l’offrande que la Vierge immaculée fit d’elle-même au Seigneur à l’aube de sa vie consciente. Tous les chrétiens peuvent découvrir en Marie « pleine de grâce » le modèle de la vie consacrée »[1]. Tel est le sens que donne le missel romain à cette fête mariale du 21 novembre.
Le sens de notre consécration baptismale
Relation au Christ
Le concile Vatican II[2] rappelle que, par son baptême, le chrétien est configuré au Christ et qu’il appartient donc au Christ. Plus précisément, cela veut dire que, par son baptême, le chrétien entre dans une consécration dans le mystère pascal, aussi bien dans son être que dans son agir. Tel est l’enseignement du catéchisme de l’Eglise catholique, au n° 1239 : « le Baptême proprement dit, [qui] signifie et réalise la mort au péché et l’entrée dans la vie de la Très Sainte Trinité à travers la configuration au Mystère pascal du Christ ».
Relation à l’Esprit saint
Le baptême a transformé le chrétien, en le faisant participer à une vie nouvelle et à l’immortalité, par la grâce de l’Esprit Saint. C’est ainsi que, selon les Pères du Concile, « devenus fils de Dieu par une régénération, [les chrétiens] sont tenus de professer devant les hommes la foi que par l’Église ils ont reçue de Dieu. Par le sacrement de confirmation, leur lien avec l’Église est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement tout à la fois à répandre et défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ. Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec elle » (constitution sur l’Eglise, Lumen Gentium –désormais LG- n° 11). C’est pourquoi, comme dit Pierre, le baptême rend les chrétiens désormais « participants de la nature divine », en accédant à la vie trinitaire. Tel est le trésor immense que nous avons reçu, mais encore faut-il que nous en vivions : c’est le défi auquel nous sommes appelés, pendant notre pèlerinage sur terre.
Relation à l’Eglise
Paul nous dit « Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ.» (1 Co 6, 15). Cela signifie que les chrétiens, lors de leur baptême, s’incorporent à l’Eglise, en devenant les membres du Corps mystique du Christ[3] (LG 11). Et cette insertion dans le mystère de l’Eglise implique une mission. C’est ce qu’enseigne le concile Vatican II, dans son texte intitulé « décret sur l’apostolat des laïcs » : « Les laïcs tiennent de leur union même avec le Christ Chef le devoir et le droit d’être apôtres. Insérés qu’ils sont par le baptême dans le Corps mystique du Christ, fortifiés grâce à la confirmation par la puissance du Saint-Esprit, c’est le Seigneur lui-même qui les députe à l’apostolat. S’ils sont consacrés sacerdoce royal et nation sainte (cf. 1 P 2, 4-10), c’est pour faire de toutes leurs actions des offrandes spirituelles, et pour rendre témoignage au Christ sur toute la terre. Les sacrements et surtout la sainte Eucharistie leur communiquent et nourrissent en eux cette charité qui est comme l’âme de tout apostolat » (AA3).
La finalité de notre consécration baptismale est la mission.
Tout au long de la semaine des apparitions de décembre 1947, la Vierge Marie exhorte à prier, à diverses intentions (la France, les pécheurs, etc.) et invite à embrasser la croix, le mardi 9 décembre, soulignant ainsi la vocation des chrétiens de « sanctifier les réalités du monde » (LG 31)[4], même dès le plus jeune âge, puisque les fillettes sont âgées de 7 à 12 ans. On peut dire que la consécration baptismale s’est manifestée, à l’Île Bouchard, d’une double façon : par l’intercession et par l’apostolat.
Intercession
Marie apparaît aux fillettes et leur demande, chaque jour, d’intercéder, en raison des temps troublés de la vie sociale française. Et les fillettes ayant pris au sérieux les appels de la Vierge, en faisant prier, à leur tour, les enfants de l’école, il s’est passé « quelque chose », une sorte de tournant des événements – de façon discrète-, vers un apaisement des tensions au sein de la société française, illustrant ainsi la puissance de la prière d’intercession sur la tournure des événements.
Apostolat
Le dimanche, Jacqueline et Nicole lisent une requête du chanoine Segelle, curé de l’Île Bouchard : « Madame, nous vous demandons de bénir Monseigneur l’Archevêque, ses 25 années d’épiscopat, Monseigneur l’Evêque de Blois, les deux paroisses, les écoles libres, la mission du Carême, les prêtres du Doyenné et de donner des prêtres à la Touraine »[5]. À ces demandes, la Vierge, « souriante, incline aimablement la tête en signe d’acquiescement »[6]. Autrement dit, est soulignée l’importance de l’épiscopat, du ministère des prêtres, des vocations sacerdotales, de la vie paroissiale, de l’enseignement des enfants, et de la mission d’évangélisation. Tous ces aspects de la vie chrétienne qui sont aujourd’hui sources de tensions, sont en tout cas réaffirmés comme des réalités structurantes de la vie de l’Eglise. Peut-être pourrions-nous méditer de nouveau sur cette requête du curé présentée à la Vierge par les enfants et les prendre dans notre prière, lors des prochaines semaines ?
[1] Missel romain, 3ème édition typique, 2021, p. 834
[2] Lumen Gentium (constitution sur l’Eglise) n°15
[3] Ibid., n°11
[4] « La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée. À cette place, ils sont appelés par Dieu pour travailler comme du dedans à la sanctification du monde, à la façon d’un ferment, en exerçant leurs propres charges sous la conduite de l’esprit évangélique, et pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité. C’est à eux qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur. » LG 31 (concile Vatican II, constitution sur l’Eglise, n°31)
[5] Mgr Fiot, les faits mystérieux de l’Ile Bouchard, p.39
[6] Ibid. , p.40